Carnet de voyage Haut Atlas Marocain
Dans le Haut Atlas Marocain la carnettiste Marie Stricher a séjourné à Touda du du 12 au 21/9/2015
En avril 2015, j’étais à l’Ile Maurice, grâce au billet d’avion gagné en 2014 au Concours de Carnets de voyage : Festival Curieux Voyageurs de St Etienne, quand j’ai appris par SMS que j’avais gagné cette année encore le PRIX DU PUBLIC et PRIX DU JURY 2015 au même Festival. Le carnet du Cambodge l’a emporté à l’unanimité. Waouh!!!!!!!!!!!!
Le prix du Jury : une semaine en pension complète à l’Ecolodge TOUDA dans le haut Atlas Marocain, précisément dans la vallée d’Ait Bougmez, qu’on dit magnifique.
Je me réjouis de partager cette aventure avec Françoise, complice du voyage Mauricien.
12/09/2015 : Vol Easy Jet matinal (7h) Lyon Marrakech. Comme toujours , l’avion est un sujet inépuisable d’inspiration. J’arrive vers 9h 30 et retrouve Hassan, le chauffeur de taxi qui nous conduira à Touda soit 5 heures de route environ.
Depuis Paris, Françoise devait atterrir peu de temps après moi. Mais le temps passe, son avion a 2 heures de retard et elle arrive la bonne dernière du groupe de touristes « parisiens ».
Ils sont mignons avec leur petit panneau posé devant eux… Forcément, j’ai le temps de croquer les chauffeurs de taxis qui assurent les « transferts aéroport Hôtel » des touristes ahuris qui débarquent sur le tarmac, après avoir attendu près d’une heure le contrôle de leurs passeport par les autorités Marocaines.
Midi. Départ Marrakech. Juste après Marrakech c’est très plat. Le taxi fonce sur les lignes droites. Arrêt vers 14 h pour un menu à 200 Dirhams (c’est le prix des 2 repas en fait et notre taxi ne paie rien??? alors on lui a payé son repas? )
Les bas côtés permettent de se ranger vivement quand un dingue fonce sur nous, la route devient mauvaise au fur et à mesure que nous abordons la montagne, défoncée elle se termine en piste. C’est immense, impressionnant et magnifique.
17 h : La Mercedes pile au bas d’un chemin muletier, impraticable pour elle et dépose nos bagages.
– Là haut, c’est Touda. Je me débrouille pour vos valises. Vous montez à pied.
– OK, vous revenez nous chercher samedi 19 vers 10 h, c’est bon? (moi)
– Oh là la! ce sera sûrement bien avant samedi! rétorque Françoise acerbe, épuisée à l’idée de gravir la montée abrupte sur 100 mètres.
Brahim vient à notre rencontre, affrète une mule pour monter nos bagages.
Ca grimpe sec, les pierres roulent sous nos pas. Enfin la terrasse de Touda ! Ca se mérite, mais le paysage est magique. Najma nous sert le thé à la menthe et des gâteaux maison. Bienvenue !
Profitant du panorama splendide de la terrasse sur la chaîne des Ait Bougmez, nous sirotons gentiment notre thé. La petite Naima arrive en courant à Touda « chercher de l’aspirine pour sa tante » qui a très mal à la tête. En échange des cachets, je lui demande de poser 10 minutes pour la dessiner. Elle est intimidée mais ravie. On est 2!
Le repas du soir roboratif et copieux nous attend. L’intérieur du gîte très accueillant porte les marques de traditions de la région, lampes en fer forgé, larges tables de bois, bols de céramique décorée, jarres… Ici, en montagne, on marche, on crapahute (ce que nous ne ferons pas) la bibliothèque regorge de livres, guides, brochures sur la région. Stéphanie Ledoux passée par là, a réalisé de belles cartes postales. Un petit coin très cosy aménagé près de la cheminée arbore un magnifique métier à tisser, je lui donne vie sous mes crayons.
Dimanche 13/09/2015 : Premier petit déjeuner.
Les galettes de pain au miel, juste sorties du four par Najma fondent dans la bouche…
Confitures maison, jus de vraies oranges, Vaches-qui-rit locales, yaourts, café, thé… Délice Nature et forcément bio, sans prise de tête. De quoi démarrer la journée avec le sourire en regardant la montagne par la baie vitrée qui scintille au soleil. Elle est pas belle la vie?
Pendant ce temps, Hamou, le chauffeur de taxi nous attend sur la terrasse. En effet, c’est dimanche le jour du Souk à Tabant et l’occasion de découvrir la région.
Il faut ici que je raconte un peu nos fous-rires induits par les quiproquos de l’accent de Brahim. Ca nous déroute un peu :
– Vous voulez pas marcher ? alors vous monterez sur « la moule »! – Et là, j’imagine Françoise caracolant une moule d’Espagne, elles sont plus grosses! mortes de rire, les filles! Impossible de nous arrêter.
– Je vais vous montrer le Mollah!
– Ah non, pas de Mollah! dit Françoise! (Ce n’était rien d’autre que le moulin à grains! )
– Dans le village on a un « comizi », vous connaissez le « comizi »? Si si, je vais vous montrer!
Essayant de traduire, comizi comédie?. on n’imagine pas un théatre ici?
Il a bien fait d’insister Brahim, en fait c’était un Ecomusée, le comizi et nous avons bien dessiné à l’intérieur c’était chouette.
Donc, nous voila arrivées à Tabant après 2 h de route. Il faut dire qu’on s’arrête de temps en temps pour prendre un villageois en stop. Ils montent dans le plateau-bétaillère du véhicule et en avant!
A l’entrée du village, nous rencontrons une européenne, c’est Anne rebaptisée ici SFIA. Le bras en écharpe, cette belge psychomotricienne dans une première vie, s’est installée ici après son mariage avec un Marocain. Elle tient un gîte « Alliance Berbère » et possède un élevage de 140 chèvres. Son rêve : ouvrir un centre de Yoga-relaxation-massage CHIC à Tabant!! A mon avis, les berbères du coin ne gémissent pas d’impatience…
Parce qu’il faut dire que Tabant c’est ROOTS! Même si c’est la grande ville de la vallée, c’est encore comme partout au Maroc, une ville où l’HOMME, majoritairement présent dans les rues, imprime sa marque d’éleveur, marchand, berger, cultivateur. La femme est prioritairement à la maison. Les rares présentes achètent des vêtements pour les enfants. Justement, quelques uns s’arrêtent, intrigués et nous regardent dessiner. Jamais vu ça au bled!
Une très jolie petite fille Nadia, en foulard bleu, accepte que je la dessine.
Puis quelques garçons curieux se pressent autour de nous. Je commence le portrait de l’un d’eux, quand un homme surgit en criant et attrape fermement le gosse par le bras lui intimant l’ordre de se barrer. Bienvenue à Tabant!
Il est l’heure de manger. Hamou nous propose un sous-bois charmant pour le pique-nique. Avant d’arriver, la piste s’interrompt brusquement et nous roulons dans le lit de l’oued à sec, très surprenant! mais très naturel pour le chauffeur.
Le pique nique avalé (filets de maquereaux à l’huile végétale, tomates, crudités, pain et fruits) allongée, je dessine les bouleaux au-dessus de ma tête et Hamou, sur proposition de Brahim.
Ce dernier veut nous montrer le fameux « molla » installé dans une sorte de cave, le moulin à grains (dit « le mollah qui tourne) est activé par une femme qui nous en explique le fonctionnement pendant que je dessine.